Le mot du jour – par Philippe, membre de notre équipe d’animation pastorale

La vocation des laïcs. Un problème de fond de nos églises.
 
Je ne sais pas si la quasi-absence de vocations de prêtres peut être considérée comme un symptôme alarmant. En tout cas, le dépeuplement de nos assemblées fait mal et l’on se demande ce qu’on doit faire et quel chemin de conversion emprunter durant ce carême. Je vous partage, dans ce billet, une réflexion qui n’engage naturellement que moi.
 
L’église est un corps mystique, composé de différents organes. Au cours des siècles, la vocation religieuse et la vocation sacerdotale se sont imposées comme les seules voies pour qui veut se donner à Dieu sérieusement. Heureusement Vatican II a remis les pendules à l’heure, en proclamant que l’appel à la sainteté concerne aussi les laïcs. Tous les fidèles baptisés reçoivent de Dieu des missions différentes et des dons différents conformes à ces missions. Et une récompense égale attend ceux qui auront servi le Seigneur, chacun à sa manière.
 
Voici avec mes mots (pour une meilleure définition, allez voir le catéchisme) les caractéristiques distinctives des 3 grands types de vocation :
 
• La vocation religieuse témoigne que l’on peut vivre libéré de l’esprit du monde, de la triple concupiscence (l’égoïsme de la jouissance excessive, la vanité du pouvoir et de la gloire humaine, l’idolâtrie de l’argent) en vivant dans un état de vie basé sur la profession des trois vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté.
 
• La vocation sacerdotale sert les fidèles en les gouvernant, en les enseignant et en les sanctifiant. En particulier, lors de l’eucharistie et de la réconciliation, les fidèles ordonnés agissent « in persona christi » pour que le Christ puisse diffuser, à travers eux, la vie de la grâce aux autres fidèles.
 
• La vocation des laïcs consiste à se sanctifier à travers la matérialité des réalités temporelles de la vie ordinaire du citoyen courant : la famille, le travail professionnel, les loisirs, la culture, la politique. Ils sont appelés à transformer le monde et à l’évangéliser de l’intérieur comme le levain dans la pâte.
 
Ainsi les laïcs ont aussi une vocation propre, éminente, qui n’a rien à envier aux autres vocations. Mais ceci n’est ni connu ni compris.
 
Ainsi on observe deux mouvements bizarres sur le terrain :
 
• Des laïcs qui cherchent Dieu plus sérieusement se tournent vers les ordres religieux ou les paroisses. On les retrouve ainsi soit pieds nus en sandale, affublé d’une croix sur sa poitrine. Ou alors en chrétien engagé dans des structures paroissiales, rognant quelques fois sur les missions des pauvres prêtres qui doivent les gérer. Et quelle déception, lorsque ces laïcs ne peuvent pas, par manque de vocation, accéder au tiers ordres ou au diaconat !
 
• Le mouvement contraire se voit également. Des religieux se sont perdus à faire de la politique. Et que dire du fiasco des prêtres ouvriers. L’intention était bonne, celle de palier la désertion des laïcs envers leur mission mais ce n’était ni la place des religieux ni la place des prêtres.
 
Pourtant quelle est grande et exaltante la mission du laïc ! : assurer, en tant que citoyen baptisé, la présence du Christ dans tous les milieux honnêtes de la société ! Qui dira que ce n’est pas de la petite bière que de réussir !: faire croître l’amour au quotidien dans un couple et d’être fidèle à sa parole pour la vie ; éduquer ses enfants à la liberté chrétienne dans l’environnement actuel ; réaliser avec une vision chrétienne un travail professionnel dans des entreprises qui génèrent stress et absence de sens ; aller à contre-courant des pressions culturelles internationales qui ridiculisent la famille traditionnelle, attaquent la vie des plus faibles, détruit la pudeur la plus élémentaire ; s’engager en politique pour promouvoir la justice et la paix face aux idéologies matérialistes et franc-maçonnes ?
 
Pour transformer le monde, sans se laisser transformer par l’esprit du monde, les laïcs doivent être armés d’une vie de foi et de formations aussi fortes que celles des religieux et des prêtres. Et pourtant, depuis Vatican II, on peut se demander quels enseignements, quels supports spirituels, quels accompagnements spécifiques pour les personnes laïques ont été mis en place de la part de nos Églises ?
 
Si seulement l’Église veut bien comprendre que c’est aussi à partir des vocations de laïcs, héroïquement vécues, que la nouvelle évangélisation se fera et que naîtront au sein des familles chrétiennes des vocations pour les religieux et les prêtres… alors nos églises se repeupleront à la louange de Dieu !

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