Le mot du jour par notre diacre Claude

Aujourd’hui mercredi de la première semaine du Carême, la liturgie nous propose le psaume 50 appelé le Miserere, l´une des prières les plus célèbres du Psautier, le psaume pénitentiel et de miséricorde le plus intense et le plus répété dans la liturgie.
03 Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
04 Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
05 Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
06 Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire.
07 Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
08 Mais tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
09 Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
10 Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que tu broyais.
11 Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
12 Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
13 Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.
14 Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
15 Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
16 Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice.
17 Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.
18 Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste.
19 Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
20 Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
21 Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel.
« Chantez à Dieu de tout votre cœur avec reconnaissance, par des Psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu Père ! » (Col 3,16b-17).
La conversion, la miséricorde : un don de la fraternité.
La tradition hébraïque a placé le Psaume sur les lèvres de David, invité d’abord à reconnaître son péché puis à la conversion et à la pénitence par le prophète Nathan (2 S 11-12), (vendredi et samedi de la 3e semaine du temps ordinaire année paire). En effet, comme l’indiquent les deux premiers versets du psaume, le prophète Nathan fait connaître son péché à David : Cette première mention du psaume nous renseigne sur une première dimension de la miséricorde. Elle nous dit que la conversion, la miséricorde n’est pas une expérience exclusivement personnelle. Elle manifeste qu’elle est de l’ordre de la responsabilité prophétique. Par notre baptême, nous avons été oints du saint Chrême et à ce moment-là le prêtre ou le diacre a prononcé ces paroles : « Désormais …tu es membre du Corps du Christ et participes à sa dignité de prêtre, prophète et roi » C’est une dimension importante de l’expérience de la miséricorde.,. Il suffit de regarder le nombre important de fois où le psaume 50 est pris durant le temps du carême. Or qu’est-ce que le carême ? C’est un temps de conversion à la fois communautaire et personnel. Ainsi Durant le temps où l’Église est appelée à traduire par une vie de conversion ce qu’elle a reçu au baptême, durant le temps de la grande convocation de tout le peuple de Dieu, pour qu’il se laisse purifier et sanctifier par son Sauveur et Seigneur, durant ce temps on chante, plus qu’en tout autre temps liturgique, le psaume 50. (le mercredi des Cendres, le vendredi après les Cendres, le mercredi de la première semaine du Carêmes, le samedi de la 3ème semaine de Carême et le 5ème dimanche de Carême).
Il s’agit de la première dimension de la miséricorde, elle est un don de la fraternité et de la communauté. Un chemin ouvert dans le cœur par la présence.
La miséricorde un don qui est fait à chacun.
Comment entrer dans ce mouvement de miséricorde auquel chacun est appelé ? Il suffit de se laisser guider par le psaume, d’entrer dans le chant. Chanter dans la liturgie le psaume 50 c’est faire sien le mouvement de la miséricorde. Un mouvement qui comporte trois temps.
1er temps
Il y a tout d´abord la reconnaissance du péché et de son emprise sur celui qui chante le psaume. (cf. v. 3-11), L’homme se trouve dans la condition de pécheur, et ce depuis le début de son existence , c’est l’ouverture à la lumière qui permet de nommer le péché, péché qui malheureusement touche l’homme mais et c’est absolument capital, péché dont il se sait déjà indulgent. C’est d’ailleurs cela le sens de la pénitence, se tourner, se convertir, se tourner vers Celui qui peut sauver.
On ne peut se reconnaître pécheur que face à un Dieu qui nous aime. Et ce Dieu qui est miséricorde est aussi un Dieu qui montre sa justice (v5.6a) qui juge et montre sa victoire v.6b. Et c’est là le thème central de cette première partie.
Le Dieu, juge de justice, c’est celui qui restaure dans la dignité.
2ème temps
Faire l’expérience de la miséricorde, c’est être renouvelé, recréé ».
Faire l’expérience de la miséricorde et c’est ce que nous apprend ce psaume, ce n’est pas seulement être purifié de ses péchés, c’est être purifié dans un mouvement qui recrée, qui renouvelle, qui ajuste au projet de Dieu. La miséricorde redonne vie. On peut faire le lien entre la blancheur de la neige (v.9) et le manteau blanc dont sont revêtus les catéchumènes, et les nouveaux baptisés car le baptême purifie et justifie pour la vie « Que cette eau reçoive de l’Esprit Saint la grâce de ton Fils unique, afin que l’homme, créé à ta ressemblance et lavé par le baptême des souillures qui déforment cette image puisse renaître de l’eau et de l’Esprit pour la vie nouvelle d’enfant de Dieu « [5] Rituel du baptême des petits enfants, Bénédiction de l’eau à la veillée pascale et hors du temps pascal RR 91 ( RF 132).
3ème temps
Aux versets 16 et 17 on ne se contente plus de reconnaître la justice de Dieu de la même façon qu’au verset.6 car le mot justice est alors associé au mot louange. Par l’Esprit Saint la justice est devenue efficace dans la vie de celui qui chante le psaume, qui prie le psaume. Il est en train de faire l’expérience de la miséricorde, il se laisse recréer. C’est pourquoi il ne craint pas d’offrir son cœur brisé et broyé à Dieu, à la force de l’Esprit Saint. ( v.19) Il entre dans le mouvement de miséricorde.
La miséricorde : Il s’agit une dynamique de recréation qui offre un cœur brisé à l’amour blessé de Dieu qui fait toutes choses nouvelles quand passe le vent de l’Esprit.
Claude – diacre-permanent.

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